PMS : un marché en mutation sous la pression de plusieurs facteurs

Premier facteur : une concurrence accrue et une pression sur les marges des gérants d’actifs. De quoi favoriser la modernisation des outils, en faveur de solutions « end to end ». Ces solutions permettent de mieux maîtriser les marges d’intermédiaires de plus en plus nombreux (data vendors, data disseminators, regtech, plateformes de distribution…). L’objectif est ainsi de trouver les intermédiaires capables de rassembler le plus de briques dans la chaîne d’intermédiation des investissements.

Deuxième facteur : la diversification des supports d’investissement. Et en particulier les indices (gestion passive), les investissements alternatifs : actifs ESG et private equity. Comment gérer du private equity en l’absence de cotation quotidienne ? Comment traiter de la donnée ESG (Environnement Social Gouvernance) avec des labels très hétérogènes ? Comment gérer de la gestion passive tout en justifiant l’apport du gérant (et donc les frais de gestion) ?

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Troisième facteur : la gestion des données. La volumétrie liée à l’augmentation des encours, les exigences de reportings, le caractère hétéroclite des formats… imposent de normaliser et digitaliser les processus.

PMS : renforcer les modèles de prévision

Ces tendances s’inscrivent dans un contexte de forte incertitude économique. Ce qui génère un autre enjeu : le renforcement des modèles de prévision des PMS. La plateforme de gestion de portefeuille doit permettre de justifier les choix opérés dans les allocations.

S’y ajoutent la pression réglementaire croissante et l’environnement de taux, moins favorable.

PMS : accompagner la « retailisation »

Autre facteur structurant : la « retailisation » dans un marché des PMS porté par l’essor des unités de compte (UC) et le développement de l’épargne retraite avec le PER. Longtemps destinés uniquement aux investisseurs institutionnels, qui investissaient en propre ou pour compte de tiers, les PMS doivent répondre à de nouveaux usages. Et notamment satisfaire aux exigences croissantes en matière de transparence.

Ces outils doivent ainsi proposer une meilleure gestion des attentes clients : mise à disposition de signaux de réallocation des portefeuilles, comparatifs des profils, flux d’information mais aussi transformation des reportings en dialogue digitalisé entre producteurs, distributeurs et investisseurs.

Sécuriser les encours

En parallèle sur le segment retail, les supports d’investissement font désormais la part moins belle aux produits à fonds garantis, au profit des UC. En découle un besoin de gestion des arbitrages, longtemps « automatiques », les investisseurs se tournant massivement vers les fonds en euros (ou le livret A) à la moindre tension sur les marchés de taux. La sécurisation des encours constitue ainsi un fort enjeu auquel les PMS peuvent permettre de mieux répondre.

La montée en puissance de la gestion pilotée offre un autre moyen de sécuriser les encours. Et là encore, le PMS a toute sa place. La gestion pilotée, notamment à horizon, fonctionne avec des moteurs d’allocation capables de proposer des arbitrages de manière régulière. La loi Pacte de 2019, en faisant de la gestion pilotée le mode de gestion par défaut pour les produits d’épargne retraite, a promis une forte dynamique sur les volumes d’encours. De quoi favoriser l’innovation dans ces outils.

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PMS : des acquisitions qui témoignent de la mutation en cours

Cette tendance en faveur des solutions de bout en bout est d’ores et déjà visible sur le marché. Le marché, longtemps concentré dans quelques mains – Bloomberg, Factset, MSCI-, a accueilli de nouveaux acteurs en lien avec les opportunités ouvertes par ces nouveaux besoins. Les acteurs traditionnels, notamment les acteurs institutionnels qui avaient développé leurs propres solutions comme BlackRock ou Vanguard, n’ont pas tardé à réagir. Plusieurs opérations récentes témoignent de ces évolutions.

2019

  • BlackRock achète eFront, le premier fournisseur mondial de logiciels et de solutions de gestion d’investissements alternatifs de bout en bout. Cet accord signe une nouvelle proposition de valeur entre technologies d’investissement et gestion des risques. Car cela permet aux investisseurs de gérer des portefeuilles sur des classes d’actifs publiques et privées sur une seule plateforme

2020

  • YieldX Hub et YieldX API créent un système pour accompagner les conseillers, les courtiers, les institutionnels et les fintechs à améliorer leurs services autour de l’investissement obligataire

2021

  • Vanguard élargit et renforce son offre de fonds ESG avec une nouvelle coopération avec Baillie Gifford (fonds écossais)

2022

  • Planetly : éditeur de solutions logicielles de gestion du carbone, a lancé un système de gestion de portefeuille ESG pour les investisseurs. Nouvel outil conçu pour aider les investisseurs à intégrer la gestion ESG dans leur gestion de portefeuille et à accélérer le reporting ESG.
  • Axioma : Portfolio OptimizerTM (APO) du fournisseur d’indices et d’analyses Qontigo est désormais inclus dans le système
  • Tailored Portfolios Solutions : Nouvelle solution de Charles River Development, filiale de State Street. Elle permet aux gestionnaires de patrimoine et aux gestionnaires d’actifs de fournir à grande échelle des portefeuilles entièrement personnalisés.

Cette recherche du traitement des offres de bout en bout constitue ainsi un élément réellement structurant du marché.

Cartographie du marché des PMS

Plateformes de gestion de portefeuille (Portfolio Management System) : un marché en mutation - Cartographie du marché des PMS

Source : SeaBird

Vers un modèle cloud, on premises ou hybride ?

La demande croissante de solutions cloud pour la gestion de projets à grande échelle est un facteur important de développement du marché des PMS. Le cloud présente de nombreux avantages. Mais il reste challengé par les « logiciels on premises ».

Le modèle Cloud offre plusieurs avantages : mises à jour automatiques, modèles de tarification flexibles, investissement faible. La sécurité des données est garantie par le fournisseur du logiciel et ses partenaires hébergeurs. L’expérience utilisateur est optimisée et mobile, les flux de travail personnalisés permettent d’optimiser les processus.

De son côté, le modèle On Premises présente l’avantage de l’autonomie, d’un stockage local, du sur-mesure (ERP personnalisable avec, par exemple la possibilité de requêtes SQL, impossibles en Cloud). La dépendance à l’éditeur est moins marquée qu’en Cloud.

La confrontation de ces deux modèles a donné lieu à une nouvelle forme d’hébergement des données : le cloud hybride. Grâce au Cloud hybride, la dépendance à l’égard des fournisseurs s’amoindrit. Ce modèle d’infrastructure repose sur le matériel et les serveurs de l’entreprise (Cloud Privé) et sur des ressources publiques comme le Cloud Microsoft ou encore Amazon, offrant plus de sécurité, de flexibilité et d’indépendance.

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Cet article est issu d’une contribution de Mathilde des Courtis à la table ronde « LE PMS READY-TO-PLAY : USINE À GAZ OBLIGATOIRE OU STRATÉGIE DE CONTOURNEMENT POSSIBLE ? » organisée par AAA lors de l’AM Tech Day 2022.

Visionner le replay de cette table ronde